Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/149

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Biebenheim fit signe à l’un de ces curieux de s’approcher et lui ordonna de dire au maire de réunir les paroissiens sur la place publique après la grand’messe. Puis, laissant le commandement de la troupe à un sous-officier, il se dirigea à pied vers l’habitation de la famille Meunier.

À sa grande surprise, personne ne répondit à ses coups de marteau. La porte donnant sur la rue était fermée à clef. Comme il savait que dans nos confiantes campagnes l’entrée familière donnant sur l’arrière-cour est rarement close, il fit le tour de la maison et en effet put facilement pénétrer à l’intérieur. Mais il eut beau appeler, taper du pied, personne. Maison vide.

Il alla s’asseoir près d’une table pour réfléchir. Sur cette table, à côté de la pipe et du sac à tabac du père Meunier, un petit carré de papier déplié attira son attention. Machinalement, il y jeta les yeux. C’était l’avertissement que Paul Belmont avait envoyé à son futur beau-père le soir du bombardement, lui recommandant si solennellement d’éloigner les femmes parce que, disait le billet, un grand malheur se préparait. Il comprit qu’il avait été devancé