Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/198

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vu, de leurs yeux vu, des actes de barbarie dignes des pires peuplades sauvages.

Quelle dénégation peut tenir debout devant l’écrasant témoignage des victimes elles-mêmes, de ces cadavres qui dans leurs tombeaux portaient la trace ineffaçable des coups de baïonnette dont ils avaient été littéralement troués, ou des mutilations sans nom dont leur pauvre corps avait été l’objet ? L’un de ces infortunés, un tout jeune homme, avait été trouvé éventré, tenant dans ses deux mains crispées ses entrailles qui débordaient.

Pouvait-on davantage récuser le témoignage horrible à voir de ces nombreux jeunes garçons qui n’avaient plus que des moignons ensanglantés à la place des mains ? Presque partout en effet, les barbares semblaient avoir eu pour mot d’ordre de trancher le poignet, non seulement aux hommes, mais aussi aux petits garçons. Voyant l’un de ces misérables en train de martyriser de la sorte un bambin d’une douzaine d’années, quelqu’un cria : « Laissez-le donc, ce n’est pas un soldat ! » — « Il était pour en faire un », répondit l’Allemand sans se retourner.