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COUP DE TONNERRE

— Voilà un drôle de pistolet, s’était alors écrié Paul. Avez-vous vu comme il m’a regardé, cet oiseau de mauvais augure ? J’en ai eu presque froid dans le dos. Il y avait des reflets d’acier dans ces yeux-là. Il m’a semblé voir luire mille baïonnettes !

C’est la réminiscence de ce petit incident en apparence insignifiant qui avait, on se le rappelle, causé quelque malaise pendant le repas des fiançailles, lorsqu’un des convives avait jeté le nom de Biebenheim dans la conversation. Malaise passager du reste, car le festin se termina gaiement, après quoi on passa dans la « grand’chambre », qui est le salon chez nos bons habitants.

Comme la nuit arrive vite, Marie-Anne, qui est encore la fille de la maison, allume la lampe suspendue au centre de la pièce, capuchonnée de son abat-jour rouge-vif et frangée de clinquants qui tintillent comme des clochettes. Cette lumière douce éclaire en rond une scène hors de l’ordinaire.

La compagnie devenue tout à coup silencieuse, presque solennelle, fait cercle dans la demi-