Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

III

NUIT NOIRE


C’était une nuit plafonnée d’étoiles, mais sans lune. Par instants, l’immense vélarium constellé semblait déchiré d’un horizon à l’autre par d’étranges fulgurations d’étoiles filantes rapides comme l’éclair, chaque fois accompagnées et suivies de ces mystérieux fracas d’explosion qui continuaient à semer l’épouvante à vingt milles à la ronde.

Le ruban gris de la route se déroulait sur un train de trente milles à l’heure sous les moelleux pneumatiques du moto-car qui emportait Paul et le notaire du côté de la ville.

Pendant un assez long temps, ceux-ci n’échangèrent pas une parole ; tous deux paraissaient abîmés dans de profondes réflexions, cherchant sans doute en eux-mêmes l’explication des phénomènes dont ils étaient témoins depuis ce qui leur paraissait quelques minutes à peine ; car ils avaient perdu jusqu’à la notion de l’heure, et, dans le tohu-bohu de leurs esprits, c’est à qui des deux n’osait ouvrir la bouche. Tant ils crai-