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NUIT NOIRE

revenait tout à coup à la mémoire certaines petites circonstances qui dans le temps avaient piqué ma curiosité, mais que je croyais enterrées sous dix pieds de terre d’oubli.

— Certaines circonstances, vous dites ? interrogea Belmont, très intéressé.

— Vous ignorez sans doute, reprit l’autre, qu’il y a une dizaine d’années, lorsque la compagnie transatlantique allemande est venue s’installer ici, je fus l’un des notaires chargés de faire signer aux habitants de l’île voisine les promesses de vente des terrains dont la compagnie elle-même et ses subsidiaires disaient avoir absolument besoin pour l’exécution de vastes projets maritimes, industriels… et le reste, sur lesquels, comme c’est d’ailleurs l’habitude en pareils cas, on laissait planer du mystère. Les contrats que nous faisions signer aux expropriés étaient rédigés sur des formules fournies par les acquéreurs eux-mêmes : grimoires verbeux, filandreux et interminables où, comme mes confrères, j’avais remarqué plus d’une clause comportant des réserves et des privilèges tellement étendus que sur certains points ils semblaient porter défi au