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SIMILIA SIMILIBUS

Ils n’ont pas perdu leur temps, on va le voir. Jimmy a conduit son confrère dans l’arrière-boutique de son imprimerie, où, à la lueur papillotante de quelques bougies, plusieurs ouvriers typographes s’étaient réunis en attendant les ordres des patrons.

Les longues explications sont inutiles entre ces deux fines mouches. Tous deux se comprennent à mi-mot. Ils ne prennent même pas le temps de se chamailler, cette fois.

— Qu’est-ce qu’il y a à faire ? demande simplement Jimmy, en allumant sa pipe.

Et Paul répond laconiquement :

— Le dire serait trop long. Je l’écris.

Au fur et à mesure qu’il griffonne, il jette sur la table où est accoudé son ami les feuillets, l’un après l’autre, qu’il a couverts de ses pattes de mouche. C’est une sorte de manifeste adressé à la population, plus concis, mais aussi beaucoup plus vibrant et plus certain d’être lu et goûté que la comminatoire proclamation du général allemand.

Jetons un regard par dessus l’épaule de Jimmy ; voici ce que nous lisons avec lui :