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PRÉFACE


Un sentiment que je n’ai pas besoin d’exprimer m’inspira l’idée de ce livre où mon pays s’est peint lui-même et qui l’a fait aimer. En le réimprimant, peut-être pour la dernière fois, sans cesser d’être sous le charme des premiers jours, je le dédie à celle qui le commença, bien longtemps avant ma naissance, qui en enchanta mon enfance, qui fut pour moi une de ces bonnes fées que la légende place auprès des berceaux heureux.

Ma mère, — qu’on pardonne ces redites à la piété d’un fils, — ma mère, qui était aussi celle des malheureux, avait rendu la santé à une pauvre chanteuse ambulante de la paroisse de Melgven. Émue par les regrets de la pauvre femme, qui ne savait comment la remercier, n’ayant rien à lui offrir que des chansons, elle la pria de lui en dire une, et fut si frappée du caractère ordinal de la poésie bretonne, qu’elle ambitionna depuis et obtint souvent ce touchant tribut du malheur.