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I

LES SÉRIES

ou

LE DRUIDE ET L’ENFANT

— DIALECTE DE CORNOUAILLE —


ARGUMENT

La pièce qui ouvre ce recueil est une des plus singulières et peut-être la plus ancienne de la poésie bretonne. C’est un dialogue pédagogique entre un Druide et un enfant. Il contient une sorte de récapitulation, en douze questions et douze réponses, des doctrines druidisiques sur le destin, la cosmogonie, la géographie, la chronologie, l’astronomie, la magie, la médecine, la métempsycose ; l’élève demande au maître de lui chanter la série des nombres, depuis un jusqu’à douze, afin qu’il les apprenne. Chose extraordinaire, l’empire de l’habitude est si puissant en Basse-Bretagne, parmi le peuple des campagnes, que les mères, sans le comprendre, continuent d’enseigner à leurs enfants, qui ne l’entendent pas davantage, le chant mystérieux et sacré qu’enseignaient les druides à leurs ancêtres. Les difficultés qu’il présente sont telles, que je n’ose me flatter d’avoir toujours parfaitement réussi, soit dans ma traduction, soit dans les explications dont la pièce est suivie. Elle est particulièrement populaire en Cornouaille, où je l’ai entendu chanter pour la première fois à un jeune paysan de la paroisse de Nizon. Sa mère la lui avait apprise, me dit-il, pour lui former la mémoire ; et, en effet, le chant est disposé de manière à offrir un excellent exercice de mnémonique. La même observation a été faite à Brizeux, dans la paroisse de Scaer, où il a recueilli des variantes précieuses qu’il m’a communiquées,