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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


Une autre version de la même chanson attribue l’aventure à un certain fournier nommé Iannik-ann-Trevou, plus fin que notre tailleur : en rentrant chez lui avec son trésor, il prend la précaution de couvrir de cendres et de charbons brûlants l’aire de sa maison, et quand les Nains arrivent au milieu de la nuit pour reprendre leur bien, ils se brûlent tellement les pieds, qu’ils déguerpissent au plus vite, en poussant des cris effroyables, mais non sans avoir préalablement tiré vengeance du voleur, dont ils brisent toute la vaisselle, comme la chanson le dit :

« Chez lannik-ann-Trevou, nous avons brûlé nos pieds cornus, et fait bon marché de ses pots[1]. »

On remarquera que la chanson des Nains leur donne entre autres noms, celui de Duz, diminutif Duzik, que portaient en Gaule ces mêmes génies du temps de saint Augustin[2]; qu’elle leur assigne pour demeure, comme aux Fées, les Dolmen, et qu’elle leur fait danser en chœur une ronde infernale, dont le refrain est toujours : « Lundi, mardi, mercredi, et jeudi, et vendredi. » Un voyageur, attiré, dit-on, dans leur cercle, trouvant le refrain monotone, et y ayant ajouté les mots : « samedi et dimanche, » ce fut parmi le peuple nain une telle explosion de trépignements, de cris et de menaces, que le pauvre homme faillit mourir de peur : s’il eût ajouté aussitôt: « Et voilà la semaine terminée ! » la longue pénitence à laquelle les Nains sont condamnés finissait avec la chanson.

Les Nains passent pour veiller, dans leurs grottes de pierres, à la garde d’immenses trésors ; mais leur monnaie est de mauvais aloi.

La même opinion se trouve mentionnée dans une antique tradition galloise, rapportée par un auteur du onzième siècle[3].

  1.         E ti Iannik-ann-Trevon
            Nun euz rostet hor c’harnou
            Ha gret foar gand he bodou,

  2. Daemones quos Duscios Galli nuncupant (De Civit. Dei, c. XXIII).
  3. Lyfr goc’h Hergest Mss, col. 705, et le Greal, p. 241.