Page:Barzaz Breiz 4e edition 1846 vol 1.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


Cette dernière. strophe, dont les sentiments sont aussi beaux que clairement rendus, mais modernes, a dû contribuer à sauver de l’oubli la Marche d’Arthur. Elle était toujours, m’a-t-on dit, répétée trois fois par les chanteurs, qu’elle enthousiasmait. Les autres ne leur offraient probablement aucun sens ; la lettre et l’esprit sont si loin de la manière de parler et de penser d’aujourd’hui ! Je ne les aurais pas toutes comprises moi-même, je l’avoue, sans les lumières d’un savant gallois de mes amis, qui croit le chant passé du dialecte cambrien dans le dialecte armoricain, au septième siècle, à la séparation de l’un et de l’autre peuple. La pièce offre effectivement plusieurs tournures grammaticales elliptiques, un grand nombre d’expressions étrangères au dialecte du continent[1], et la forme ternaire des poèmes bardiques gallois. J’ajouterai que les connaisseurs s’accordent à trouver à la mélodie, qui est éminemment énergique et martiale, un caractère tout particulier d’antiquité.

  1. J’indique seulement les mots bre, montagne ; kad, combat ; ri, nombre ; glan, âme, vent, souffle ; as, âne ; mael, soldat, valet ; Penn-lu, chef de guerre ; le verbe fraoi, s’agiter, et les adverbes adan, dessous, rong, entre, et am, pour, qui ne se retrouvent dans aucun dictionnaire breton-armoricain, ancien ou moderne.