lui rendent les plus grands honneurs et passent pour ses prêtres. Le dieu a dans cette île un magnifique bois sacré, au milieu duquel s’élève un temple merveilleux de forme circulaire, rempli de votives offrandes. La ville voisine lui est également dédiée ; un grand nombre d’entre les habitants savent jouer de la harpe, et en jouent dans l’intérieur du sanctuaire, en chantant à la louange de leur divinité des hymnes sacrés où ils vantent ses actions glorieuses ; le gouvernement de la cité et la garde du temple appartiennent aux bardes[1] qui héritent de cette charge par une succession non interrompue[2].
Au caractère religieux, les bardes joignaient un caractère national et civil, qu’il n’est pas moins important de remarquer. Dans la guerre, ils animaient de leurs prophétiques accents le courage de leurs compatriotes, en leur prédisant la victoire ; dans la paix, tout à la fois juges des mœurs et historiens, ils célébraient les nobles actions des uns, et dévouaient au blâme les actions coupables des autres[3]. Si l’on consultait les lois de Moelmud, qui passent, près de quelques critiques, pour un remaniement ultérieur de lois préexistantes à l’établissement du christianisme, mais qui, du moins, sont antérieures à celles de Hoel le Bon, législateur gallois du dixième siècle, on les trouverait assez d’accord avec les autorités anciennes que nous venons de citer.
Selon ces lois, le devoir des bardes est de répandre et de maintenir toutes les connaissances de nature à étendre
- ↑ Βορεάδας. Un critique allemand propose de lire Βάρδους. En tout cas, ces ministres du Soleil ne peuvent être que des bardes. Elien le reconnait formellement en traduisant Βορεάδας par Ποήτας. (XI. H. A. et Diod. Sic, éd. Petr. Wess., t. I, liv. II, p. 159.)
- ↑ Diod., ib., p. 159.
- ↑ Οὕς μὲν ὑμνοῦσι οὕς δὲ βλασφημοῦσι. (Diod., liv. V.)