Cette ballade étant connue de Marie de France, et déjà populaire à l’époque où vivait ce trouvère, qui l’a imitée, nous n’hésitons pas à la croire antérieure au treizième siècle. Nous l’avons entendu chanter en Cornouaille, entre autres personnes, il une vieille paysanne nommée Loiza Glodiner, du village de Kerloiou, dans les montagnes d’Arez ; mais elle a dû être composée en Léon, car elle appartient au dialecle de ce pays. L’événement qui en est le sujet est peu important en lui-même. Le chanteur breton ne fait que l’indiquer, Marie de France le délaye.
Une dame de Saint-Malo aime un jeune homme et en est aimée ; elle se lève souvent la nuit, pour aller causer avec lui à la fenêtre, et les rues de la ville sont tellement élroites, les pignons tellement rapprochés, qu’elle peut lui parler à voix basse. Mais le mari, qui est un vieillard et un peu jaloux, comme beaucoup le sont, se doute de quelque chose, prend l’éveil et interroge sa jeune femme. Celle-ci répond qu’elle se lève pour écouter un rossignol qui chante dans le jardin. Feignant de donner dans le piège, le vieux mari fait tendre des lacs : par le plus grand hasard, un rossignol s’y trouve pris ; il l’apporte à sa femme, l’étouffe sous ses yeux, et lui ôte ainsi tout prétexte de se lever à l’avenir.