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XXII


LE FRÈRE DE LAIT.


( Dialecte de Tréguier. )


I.


La plus jolie fille noble qu’il y eût en ce pays-ci à la ronde était une jeune fille de dix-huit ans, nommée Gwennolaik.

Le vieux seigneur était mort, ses deux pauvres sœurs et sa mère ; tous les siens étaient morts, hélas ! excepté sa belle-mère.

C’était pitié de la voir, pleurant amèrement, au seuil de la porte du manoir, elle si douce et si belle !

Les yeux attachés sur la mer, y cherchant le vaisseau de son frère de lait, sa seule consolation au monde, et qu’elle attendait depuis longtemps ;

Les yeux attachés sur la mer, y cherchant le vaisseau de son frère de lait. Il y avait six ans passés qu’il avait quitté son pays.

— Otez-vous de mon chemin, et allez chercher les bêtes ; je ne vous nourris pas pour rester là, assise. —

Elle la réveillait deux, trois heures avant le jour, l’hiver, pour allumer le feu et balayer la maison ;

Pour aller puiser de l’eau à la fontaine du ruisseau des nains, avec une petite cruche fêlée et un seau fendu.

La nuit était sombre ; l’eau avait été troublée par le pied du cheval d’un chevalier qui revenait de Nantes.