On l’a conduite à table, à la place d’honneur, pour souper ; elle n’a bu goutte d’eau ni mangé morceau de pain.
Ils ont voulu la déshabiller tout à l’heure pour la mettre au lit ; elle a jeté sa bague, déchiré son bandeau de noces ;
Elle s’est échappée de la maison, les cheveux en désordre. Où elle s’est allée cacher, personne ne le sait. —
Toutes les lumières étaient éteintes, tout le monde dormait profondément au manoir ; la pauvre jeune fille veillait, ailleurs, en proie à la fièvre :
— Qui est là? — Moi, Nola[1], ton frère de lait. — C’est toi, bien toi, vraiment ! C’est toi, toi, mon cher frère ! —
Et elle de sortir et de fuir en croupe sur le cheval blanc de son frère, l’entourant de son petit bras, assise derrière lui.
— Que nous allons vite ? mon frère ! Nous avons fait cent lieues, je crois ! Que je suis heureuse auprès de toi ! Je ne le fus jamais autant.
Elle est encore loin la maison de ta mère ? Je voudrais être rendue.
— Tiens-moi bien toujours, ma sœur, nous ne tarderons pas à y être. —
Le hibou fuyait, en criant, au-devant d’eux; aussi bien que les animaux sauvages, effrayés du bruit qu’ils faisaient.
— Que ton cheval est souple et ton armure brillante ! Je te trouve bien grandi, mon frère de lait !
- ↑ Par abréviation, pour Gwennola.