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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


Comme on se le rappelle, la ballade allemande finit a la manière des histoires de l’Hilden-Buch, par une catastrophe qui engloutit les deux héros ; il en est de même de la ballade grecque publiée par M. Fauriel.

Constantin avait promis à sa mère de lui ramener sa sœur Areté, « joie ou chagrin qu’elle eût. » La mort le surprend avant qu’il ait pu tenir parole.

« Et sur le minuit, Constantin va chercher sa sœur ; il la trouve dehors se peignant au clair de la lune. — Viens vite, Areté, notre mère te demande. — Ah ! mon frère, qu’y a-t-il donc ? Est-ce l’heure de se mettre en chemin ? Est-on joyeux à la maison ? je mettrai mes habits dorés ; y est-on triste ? j’irai comme je suis. — Ni joyeux ni triste, ma sœur ; viens comme tu es. »

« Et dans la route tandis qu’ils vont, dans la route tandis qu’ils cheminent, ils entendent les oiseaux dire : — Voyez donc cette belle qui conduit un mort. —

« — Oh ! entends-tu, Constantin, les oiseaux ce qu’ils disent ? — Ce sont oiseaux, laisse-les chanter ; ce sont oiselets, laisse-les dire. — Oh ! j’ai peur de toi, mon frère ; tu sens l’encens. — C’est que nous avons été hier à l’église de Saint-Jean, et que le Papas nous a encensés.

« — Ouvre, ma mère, ouvre, voilà ton Areté… — Mon Areté est absente, elle est loin d’ici, dans la terre étrangère. — Ouvre, ma mère, je suis ton fils Constantin, qui t’ai donné Dieu et les saints martyrs pour garants de l’amener Areté, chagrin ou joie qu’elle eût. —

« La mère alors ouvre la porte, et l’âme lui sort du corps[1]. »

Nous avons vu que les anciens Bretons reconnaissaient plusieurs cercles d’existence par lesquels passaient les âmes, et que Procope place l’Elysée druidique au delà de l’Océan, dans une des îles Britanniques qu’il ne nomme pas. Les traditions galloises sont plus précises ; elles désignent expressément cette île sous le nom d’Ile d’Avalon[2], ou des Pommes.

  1. Le Voyage nocturne, chants populaires de la Grèce moderne, publiés par M. Fauriel, t. II.
  2. Maintenant Glastonbury, vaste verger de pommiers entouré de petites rivières, et qui paraît avoir été un sanctuaire druidique. Dans la crypte souterraine de l’église de l’abbaye, on trouve une fontaine appelée la Fontaine Sainte (holy well), et dédiée à saint Joseph d’Arimathie, premier apôtre des Bretons, si l’on en croit la tradition.