Jeanne de Rohan, fille d’Alain, sixième du nom, vicomte de Rohan, et d’Isabeau de Léon, épousa, en l’an 1236, Mathieu, seigneur de Bauveau, fils de René, connétable de Naples[1]. L’histoire ne nous en dit pas davantage sur ces deux époux. Nos poètes populaires sont moins laconiques : ils racontent très-longuement les aventures de Jeanne et de son mari, qu’ils appellent Mahé de Traonioli, traduisant en breton les noms français Mathieu et Beauvau[2]. La mère de celui qui écrit ces lignes entendit chanter, il y a soixante-quatre ans, plusieurs couplets de la ballade dont ils sont le sujet à une vieille femme de la paroisse de Névez, appelée Marie Tanguy, et elle fut si frappée du caractère de la pièce, qu’elle en fit une copie à l’aide de laquelle a été retrouvé le chant tout entier.