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XXIV


LES TROIS MOINES ROUGES.


(Dialecte de Cornouaille.)


Je frémis de tous mes membres, je frémis de douleur, en
voyant les malheurs qui frappent la terre,

En songeant à l’événement qui vient, horrible, d’arriver aux
environs de la ville de Quimper, il y a un an.

Katelik Moal cheminait en disant son chapelet, quand trois
moines, armés de toutes pièces, la joignirent ;

Trois moines sur leurs grands chevaux bardés de fer de la
tête aux pieds, au milieu du chemin, trois moines rouges.

— Venez avec nous au couvent, venez avec nous, belle jeune
fille ; là ni or ni argent, en vérité, ne vous manquera.

— Sauf votre grâce, messeigneurs, ce n’est pas moi qui irai
avec vous, j’ai peur de vos épées qui pendent à votre côté.

— Venez avec nous, jeune fille, il ne vous arrivera aucun mal.
— Je n’irai pas, messeigneurs ; on entend dire de vilaines choses !

— On entend dire assez de vilaines choses aux méchants!
Que mille fois maudites soient toutes les mauvaises langues !

Venez avec nous, jeune fille, n’ayez pas peur !
— Non, vraiment ! je n’irai point avec vous ! j’aimerais mieux être brûlée !

— Venez avec nous au couvent, nous vous mettrons à l’aise.
— Je n’irai point au couvent, j’aime mieux rester dehors.

Sept jeunes filles de la campagne y sont allées, dit-on, sept
belles jeunes filles à fiancer, et elles n’en sont point sorties.