La tête-de-blaireau (Bembrough) disait alors à Tinteniac, qui s’approchait :
— Tiens, un coup de ma bonne lance, Tinteniac, et dis-moi si c’est un roseau vide.
— Ce qui sera vide dans un moment, c’est ton crâne, mon bel ami ; plus d’un corbeau y grattera et becquètera sa cervelle. —
Il n’avait pas fini de parler, qu’il lui avait donné un coup de maillet tel, qu’il écrasa, comme un limas, son casque et sa tête à la fois.
Keranrais, en voyant cela, se mit à rire à grince-cœur :
— S’ils restaient tous, comme celui-ci, ils conquerraient le pays !
— Combien y en a-t-il de morts, bon écuyer ?
— La poussière et le sang m’empêchent de rien distinguer.
— Combien y en a-t-il de morts, jeune écuyer ?
— En voilà cinq, six, sept, bien morts. —
Depuis le petit point du jour, ils combattirent jusqu’à midi depuis midi jusqu’à la nuit, ils combattirent les Anglais.
Et le seigneur Robert (de Beaumanoir ) cria : — J’ai soif ! oh ! j’ai grand soif ! —
Lorsque du Bois lui lança (comme un coup d’épée) ces mots : — Si tu as soif, ami, bois ton sang !