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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


Dans une légende que nous citons plus loin, le sentiment national du peuple, victime des querelles des grands, se révèle sous une forme moins satirique et plus chrétienne.

Un pauvre paysan qui se cache est découvert par une troupe de soldats étrangers. — De quel parti es-tu ? lui demandent-ils d’un air menaçant ; es-tu Blois ou Montfort ?

— Je ne suis ni Blois ni Montfort, répond simplement le pauvre homme, je suis serviteur de madame Marie. Vive Marie ! —

Cette altitude du peuple breton se tenant a l’écart, et ne prenant plus activement parti ni pour l’Anglais ni pour le Français, mais contre tous deux à la fois, prouve que, désabusé par l’expérience d’une guerre de vingt-trois ans, dont il paya les frais de son sang et de sa fortune, il ne lui restait plus que la force de maudire ou de prier. Un sentiment pareil dut naître à la fin de la guerre. C’est ce qui nous porte à faire remonter la date du chant populaire vers l’année 1363, où tout le monde demandait la paix :


De la paix très-grand mestier (besoin)
Avoit le peuple, sans nul doute ;
Car pauvres gens chacun déboute
En temps de guerre, chacun le sait.
Pour ce la paix on désirait[1].


  1. Chronique de Guillaume de Saint-André, édit. de M. Charrière, p. 529.