Le seigneur Jean est un bon compagnon ; il a le pied vif comme l’œil.
Il a sucé le lait d’une Bretonne, un lait plus sain que du vin vieux.
Sa lance, quand il la balance, jette de tels éclairs, qu’elle éblouit tous les regards.
Son épée, quand il la manie, porte de tels coups, qu’il fend en deux homme et cheval.
— Frappe toujours ! tiens bon ! seigneur duc ; frappe dessus ! courage ! lave-les (dans leur sang) ! lave-les !
Quand on hache comme tu haches, on n’a de suzerain que Dieu !
Tenons bon, Bretons ! tenons bon ! ni merci, ni trêve ! sang pour sang !
Notre-Dame de Bretagne ! viens au secours de ton pays !
Nous fonderons un service (en ton honneur), un service commémoratif !
Le foin est mûr : qui fauchera ? Le blé est mûr : qui moissonnera ?
Le foin, le blé, qui les emportera ? Le roi prétend que ce sera lui ;
Il va venir faucher en Bretagne, avec une faux d’argent ;
Il va venir faucher nos prairies avec une faux d’argent, et moissonner nos champs avec une faucille d’or.
Voudraient-ils savoir, ces Français, si les Bretons sont manchots ?
Voudrait-il apprendre, le seigneur roi, s’il est homme ou Dieu ?