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sur ses malheurs et sur sa vie sauvage ? Quand le poëte fait allusion, dans le même morceau, à un chef breton armoricain, qui donne à sa fille le pays de Léon en dot, ne retrouvons-nous pas une preuve de cette donation dans une charte du onzième siècle[1] ? Quand il fait offrir en présent des colliers d’or aux chefs bretons nobles, par cette distinction honorifique, ne les place-t-il pas, à l’exemple du barde Aneurin[2], son contemporain, au-dessus des guerriers ordinaires ?

Le poëte armoricain qui chante la vendange armée des Bretons sur le territoire des Franks n’est-il pas d’accord avec Grégoire de Tours, victime de leurs pillages ?

L’auteur de l’Épouse du croisé n’attache-t-il pas sur l’épaule de chaque chevalier cette croix rouge que les soldats bretons ne portèrent qu’à la première expédition ?

Le barde ambulant à qui nous devons la Fiancée ne nous apprend-il pas qu’il n’avait que douze ans quand eut lieu l’enlèvement qu’il chante ? Pour peindre d’un trait le ravisseur, ne le compare-t-il pas à un chef breton qu’il a connu, ? ne décrit-il pas l’armure d’un chevalier du treizième siècle, comme l’auteur du poëme de Lez-Breiz avait précédemment décrit pièce à pièce celle d’un guerrier du neuvième ?

Le baron de Jauioz, qui vivait à la fin du siècle suivant, ne fait-il pas présent d’un certain vêtement alors en usage, et qui ne l’a plus été depuis, à la jeune Bretonne qu’il emmène en France ? Quel poëte populaire autre

  1. Carta Alani Fergan, ap D. Morice, Histoire de Bretagne, t. I, col. 707. V. Merlin-Barde, notes, p. 125.
  2. Myvyrian, t. I, p. 4.