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dire stéréotypées. Nous n’en citerons pas d’exemples, ce recueil en offrira un assez grand nombre. Nulle variété dans la combinaison des matériaux qu’ils mettent en œuvre ; leur lyre est un instrument incomplet. Le rébek breton n’a que trois cordes, la guzla servienne n’en a qu’une.

La chanson domestique n’est ni aussi rude, ni aussi négligée, ni aussi décousue que le chant historique. Quelquefois elle revêt la formelle l’ode anacréontique, le plus souvent celle de l’idylle ou de l’églogue. C’est le dialogue de la ballade roulant sur un thème d’amour, moins le prologue, le dénoûment et les notes incidentes. Ici le poëte est toujours en scène ; il est acteur : ce sont le plus souvent les émotions, les craintes, les espérances, les tristesses, les mécomptes, ou les joies de son cœur qu’il tache d’exprimer ; le poëte pense, réfléchit et conclut tout haut.

Le cantique emprunte son allure, sa forme, et son génie, partie aux chansons d’amour, partie aux hymnes d’église ; la légende populaire, partie à la ballade, et partie à la prose latine. La légende ne perd point pour cela l’allure dramatique de la ballade ; mais cette allure est moins brusque, plus réglée, plus grave, plus cléricale, si j’ose dire ; l’auteur s’efface moins, il parle plus longtemps, il raisonne ; parfois il moralise ; le récit tend à dominer l’action, comme dans les œuvres artificielles du même genre, qu’on ne chante point, mais qu’on lit, et qui par cela même ne sont pas populaires.

Le chant marié à la parole est en effet l’expression de la seule poésie vraiment populaire. Son union avec la musique est si intime, que, si l’air d’une chanson vient à se perdre, les paroles se perdent également. Nous en avons fait mille fois l’expérience ; mille fois nous avons vu le