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ÉLÉGIE DE MONSIEUR DE NÉVET.


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ARGUMENT.


Par un hasard fort singulier, le nom des Névet est aussi adoré du peuple des campagnes que celui des Guérand est impopulaire. Dans ses amours comme dans ses haines, le paysan breton est toujours mû par un sentiment remarquable de justice et d’impartialité. Jamais il ne lui est arrivé d’embrasser dans un anathème général une famille entière, à cause du crime d’un des membres de cette famille. Ainsi le fils coupable du marquis de Guérand peut être maudit, mais la mère est bénie, et l’aïeul est depuis deux siècles l’objet de la vénération des habitants des campagnes. L’herbe a reverdi sous les larmes du pauvre autour de sa tombe ; la pierre qui la recouvre s’est usée sous les genoux des habitants de la paroisse ; son oraison funèbre a été composée par un mendiant, et la voici telle qu’on la chante encore aujourd’hui.