Page:Barzaz Breiz 4e edition 1846 vol 2.djvu/161

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— A en juger par vos gentilles paroles, mon enfant, l’on dirait que vous êtes ailée à l’école de ceux de Bégar, ou d’habiles clercs ;

A en juger par vos gentilles paroles, mon enfant, l'on dirait que vous êtes allée apprendre à parler avec les moines en leur couvent.

— Je ne suis allée ni au couvent de Bégar, apprendre à parler, ni ailleurs, croyez-moi, avec les clercs ; Mais chez moi, au foyer de mon père, j’ai eu, messieurs, bien des bonnes pensées.

— Jetez là votre lanterne, et éteignez-en la lumière ; voici une bourse pleine ; elle est à vous, si vous le voulez.

— Je ne suis point de ces filles que l’on voit par les rues des villes, à qui l’on donne douze blancs et dix-huit deniers !

J’ai pour frère un prêtre de la ville de Lannion ; s’il entendait ce que vous dites, son cœur se briserait.

Je vous en prie, messieurs, faites-moi la grâce de me précipiter au fond de la mer, plutôt que de me faire un pareil affront !

Je vous en supplie, messieurs, plutôt que de me faire un pareil chagrin, enterrez-moi toute vive. —

Perina avait une maîtresse pleine de bonté, qui resta sur le foyer à attendre sa servante ;

Elle resta sur le foyer, sans se coucher, jusqu’à ce que sonnèrent deux heures, deux heures après minuit.

— Levez-vous donc, paresseux ! levez-vous donc, sénéchal, pour aller secourir une jeune fille qui nage dans son sang. —

On la trouva morte près de la croix de Saint-Joseph ; sa lanterne était auprès d’elle, et la lumière vivait toujours.


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