— Ma pauvre petite mère, pardonnez-moi ; votre petit livre n’est pas perdu ; il n’est pas perdu pour avoir été à trente brasses au fond de la mer.
Il ne lui est arrivé aucun mal, mais seulement à trois de ses feuilles ; l’une a souffert par l’eau, l’autre par mon sang, l’autre par les larmes de mes yeux. —
Alors son patron, qui l’accompagnait, se mit à parler pour lui.
— Comment, mère impitoyable, tu as oublié que c’est le fils que tu as porté !
Comment, mère impitoyable et dénaturée, tu ne pardonneras pas à la créature ! Si ton fils va en enfer, tu l’y suivras en chair et en os.
— Mais avant que je te pardonne, dis-moi quelque chose de ce que tu as vu depuis que tu as quitté ce monde.
— Ma mère, ma mère, si vous m’en croyez, vous ne ferez point la buée le vendredi ; qui fait la lessive le vendredi, cuit dans l’eau le sang de notre Sauveur ;
Vous n’enlèverez point le coq à la poule ni Jean le Rouge-gorge à sa compagne ; le coq chante haut, il chante quand chantent les apôtres ;
Quand chante le coq à minuit, les anges chantent au paradis ; quand chante le coq lorsque jaillit le jour, chantent tous les saints et les anges.