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XX


LES LABOUREURS.


( Dialecte de Léon. )


Approchez tous, habitants des campagnes, pour écouter un chant qui a été nouvellement composé sur la vie du laboureur ; une vie dure et pénible ; repos ni jour ni nuit ! mais il le prend en patience, pour mériter le paradis.

Le laboureur travaille sous tous les temps, aussi bien sous le froid que sous le chaud du jour ; qu’il neige, qu’il grêle, qu’il tonne, qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il gèle, qu’il glace, vous le verrez dans son champ, travaillant, courbé en deux plis.

Le laboureur est vêtu le plus souvent en toile ; il n’est pas beau sur la semaine, comme les bourgeois ; ses habits sont chiffonnés, souillés par la terre ; les gens de la ville, qui pourtant ont besoin de lui, crachent de dégoût à sa vue.

Il y a une grande différence entre l’état du pauvre laboureur et l’état des habitants des villes : ceux-ci se nourrissent de viande, de poisson, de pain blanc, chaque jour ; le laboureur, lui, de bouillie, de pain sec et de lavure.

Le laboureur doit payer, payer en tout temps, payer au roi, par an, trois ou quatre sortes d’impôts ; puis, quand il lui faut payer son maître, si l’argent n’est pas prêt, on fait bon marché de son bien. Ici le chagrin !

Il a, en outre, à payer les obits au recteur ; la coutume le veut, c’est juste ; à donner leur quête aux prêtres, l’aumône aux pauvres ; et, pour qu’ils ne lui manquent point, leurs gages à ses serviteurs.