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XXI


CHANT DU PRÊTRE EXILÉ.


( Dialecte de Vannes. )


Écoutez un recteur de l’évêché de Vannes, exilé pour la foi, loin du royaume ; son corps est loin de vous, mais sa pensée comme son cœur ne vous ont pas quittés.

Depuis l’instant cruel où des ordres impitoyables m’ont éloigné de vous, je vous ai toujours devant les yeux, et je pleure nuit et jour en songeant à vos peines.

O jour plein de douleur ! ô jour plein de deuil, qui m’a séparé de vous, mes enfants ! désolant adieu ! Tant que je vivrai je me souviendrai de toi ; je ne l’oublierai jamais !

Semblable à Jérémie ou aux malheureux Juifs , pendant leur longue captivité à Babylone, chaque jour, en songeant à toutes vos peines, je mêle mes larmes aux flots de la mer.

Assis sur un rocher, seul au bord du rivage, je pleure amèrement, et j’inonde mes joues, j’inonde, hélas ! mes joues de larmes, en pensant à vous, qui êtes par delà les mers.

O bon peuple béni ! où est le temps heureux où vous me trouviez chaque jour pour vous parler de Dieu, pour décharger vos cœurs, et pour vous soutenir par la communion !