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XXIII


LES CHOUANS.


( Dialecte de Vannes. )


Les vieillards et les jeunes filles et les petits garçons et tous ceux qui sont incapables d’aller se battre, diront, dans leurs maisons, avant de se coucher, un Pater et un Ave pour les chouans.

Les chouans sont des hommes de bien, ce sont de vrais chrétiens ; ils se sont levés pour défendre notre pays et nos prêtres ; s’ils frappent à votre porte, je vous en prie, ouvrez-leur ; Dieu de même, mes braves gens, vous ouvrira un jour.

Julien aux cheveux roux[1] disait à sa vieille mère, un matin : — Je m’en vais, moi, rejoindre Tinténiac, car il me plaît d’aller. — Tes deux frères m’ont abandonnée, et toi tu m’abandonnes aussi ! mais, s’il te plaît d’aller, va-t’en à la garde de Dieu ! —

Comme les chouans arrivaient de chaque partie de la Bretagne, de Tréguier, de Cornouaille, et surtout de Vannes, les Bleus venant du côté de la France les joignirent, au manoir de Coatlogon, au nombre de trois mille.

— Voici l’heure qui sonne, voici l’heure sonnée, où nous en viendrons encore une fois aux mains, avec ces misérables soldats : du courage, enfants de la Bretagne ! du courage, et voyons ! Si le diable est pour eux. Dieu est pour nous ! —

Quand ils en vinrent aux prises, il (Julien) frappait comme un homme : chacun d’eux avait un bon fusil ; lui, il n’avait

  1. Julien Cadoudal.