Page:Barzaz Breiz 4e edition 1846 vol 2.djvu/289

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— Bonne santé à vous, maître de ce manoir, je suis venu ici pour savoir une chose ;

Pour savoir si vous auriez la bonté de donner du pain à mes enfants,

Du pain à mes neuf petits enfant, monsieur, qui n’ont pas mangé depuis trois jours. —

L’étranger répondit à ma pauvre mère quand il l’entendit :

— Va-t’en du seuil de ma porte, ou je te fais dévorer par mon chien. —

Le chien lui fit peur ; elle sortit et s’en allait pleurant le long du grand chemin.

La pauvre veuve pleurait : — Que donnerai-je à mes enfants ?

A mes enfants que donnerai-je, quand ils me diront : «  Mère, j’ai faim ! »

Elle ne voyait pas bien son chemin, tant elle avait de larmes dans les yeux.

A mi-chemin de chez elle, elle rencontra le seigneur comte ;

Le seigneur comte du manoir de Pratulo, allant chasser la biche au bois du Lob ;

Allant au bois du Lob chasser la biche, monté sur son cheval bai.

— Ma bonne chère femme, dites-moi, pourquoi donc, pourquoi pleurez-vous ?