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LES JEUNES HOMMES DE PLOUIÉ.


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ARGUMENT.


Au siècle de l’union de la Bretagne à la France éclata, en Cornouaille, une insurrection violente des campagnes contre les villes. Un chanoine de Quimper, du temps de la Ligue, est le seul historien qui nous ait transmis le souvenir de cet événement : il assure en avoir « trouvé mémoire en certain livret de vélin et ancien manuscrit ; » ce qui est possible. Mais son amour pour sa ville natale, où les insurgés mirent le feu, et sa haine pour la paysantaille, comme il appelle les habitants des campagnes dans son orgueil de citadin blessé, ne permettent pas de douter de sa partialité.

« En l’an 1430 ou 1489, il y eust, dit-il, un grand soulèvement en cest évesché (de Cornouaille) de la populace contre la noblesse et communauté des villes, leur intention et but estant de demeurer libres et affranchiz de toute subjection et tailles et pensions annuelles qu’ils payoient à leurs seigneurs, et de revendiquer la propriété de leurs terres. Ceste commune effresnée et en très-grand nombre prist sa source au terroir de Karahez, sous la conduite de trois frères paysans qu’on dit originaires de Plouié, dont l’un avait nom Jehan. Or les rustiques, ne voyant aucune résistance, et que tout le monde s’enfuyait devant eulx, ils pensoient déjà avoir tout gaaigné, et vinrent peu à peu jusques à Kemper-Corantin, qu’ils osèrent bien attaquer, et y entrèrent le mercredi pénultiesme jour de juillet de l’an 1430 ou 1489. C’est une chose bien asseurée qu’ils la pillèrent et y fisrent beaucoup d’insolences, et cela est assez croïable à ceux qui cognoissent combien une paysantaille qui a l’advantage est cruelle et inexorable ; ils n’espargnèrent pas les habitants, et fisrent tous les aultres actes d’hostilité qui sont coustumiers à ces barbares. »

D’après un poëte paysan contemporain, dont les chants sont encore populaires à Plouié et aux environs, où j’ai recueilli celui qu’on