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II


LES JEUNES HOMMES DE PLOUIÉ.


( Dialecte de Cornouaille. )



I.


Maudit soit le soleil, maudite soit la lune, maudite soit la rosée qui tombe sur la terre ;

Maudite soit la terre elle-même, la terre de Plouié, qui est la cause de querelles terribles,

La cause de terribles querelles entre le maître et le colon ;

Qui répand l’émoi parmi les hommes des campagnes, qui en met plus d’un mal à l’aise ;

Qui fait plus d’un père sans fils, plus d’une femme veuve, plus d’un orphelin et d’une orpheline ;

Qui jette sur les grands chemins plus d’un enfant qui pleure en suivant sa mère.

Mais maudits soient, pardessus tout, les nobles hommes[1] des cités, qui oppriment le laboureur ;

Ces gentilshommes nouveaux, ces aventuriers français, engendrés au coin d’un champ de genêts ;

Lesquels ne sont pas plus Bretons que n’est colombe la vipère éclose en un nid de colombe.

  1. Les bourgeois de Bretagne portaient généralement, au quinzième siècle, le titre de nobles hommes. (A., de Courson, Essai sur l'histoire de Bretagne, p. 346.)