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II.


Le dimanche de la Pentecôte, après la grand’messe, parut le coq-de-ville dans le cimetière ;

Parut l’archer de Quimper, debout sur les degrés de la croix, les yeux enflammés de colère,

Les yeux de colère enflammés, les yeux comme un vase d’eau bouillante.

— Ecoutez tous, gens de Plouié, écoutez bien ce qui va être publié :

Que dans le jour et l’an soit faite l’estimation de ce qui appartient en propre à chacun de vous :

Vos édifices et vos fumiers ; et qu’elle soit faite à vos frais ;

Et allez ailleurs, vous et les vôtres, avec votre argent neuf chercher un perchoir. —

A peine il achevait ces mots, qu’une sédition éclata dans le cimetière ;

Vieux et jeunes se soulevèrent; ceux ci criaient, ceux-là pleuraient ;

D’autres tombaient à terre, le cœur brisé par la douleur.

— Adieu, nos pères et nos mères; nous ne viendrons plus désormais nous agenouiller sur vos tombes !

Nous allons errer, exilés par la force, loin des lieux où nous sommes nés,

Où nous avons été nourris sur votre cœur, où nous avons été portés entre vos bras.