Aller au contenu

Page:Barzaz Breiz 4e edition 1846 vol 2.djvu/389

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XIII


LE PAUVRE CLERC.


( Dialecte de Tréguier. )


J’ai perdu mes sabots et dëchiré mes pauvres pieds à suivre ma douce dans les champs, dans les bois ; la pluie, le grésil et la glace ne sont point un obstacle à l’amour.

Ma douce est jeune comme moi ; elle n’a pas encore dix-sept ans ; elle est fraîche et jolie ; ses regards sont pleins de feu. ses paroles charmantes ; c’est une prison où j’ai enfermé mon cœur.

Je ne saurais à quoi la comparer ; sera-ce à la petite rose blanche, qu’on appelle rose-Marie ? petite perle des jeunes filles ; fleur de lis entre les fleurs ; elle s’ouvre aujourd’hui et qui se fermeront demain.

En vous faisant la cour, ma douce, j’ai ressemblé au rossignol perché sur le rameau d’aubépine ; quand il veut s’endormir, les épines le piquent, alors il, s’élève à la cime de l’arbre et se met à chanter.

Je suis comme le rossignol ; ou comme une âme dans les flammes du purgatoire, qui attend sa délivrance ; le terme est arrivé et le jour venu où j’entrerai dans votre maison, en compagnie des Bazvalan.

Mon étoile est fatale, mon état est contre nature ; je n’ai eu dans ce monde que des peines à endurer ; je n’ai ni parents, ni amis, hélas ! ni père, ni mère ; nul chrétien sur la terre qui me veuille du bien !