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LE PAGE DU ROI LOUIS XI.


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ARGUMENT.


Les Bretons que l’ambition et le désir de briller attirèrent en France, comme du Guesclin, apportèrent sous la bannière du suzerain leur inimitié nationale contre les Français, et souvent ils se prirent de querelle avec eux au point d’en venir aux mains. L’aversion qu’ils témoignaient contre les manières recherchées des gentils Français bien polis, comme dit Guillaume de Saint-André, auxquels ils semblaient lourds et grossiers, parce qu’ils préféraient la rude franchise de leurs ancêtres à la corruption étrangère, était généralement la cause immédiate des démêlés dont nous parlons. La tradition populaire nous a conservé à ce sujet une anecdote intéressante. Elle prouve que le despotisme des rois de France poursuivait les sentiments nationaux jusqu’au fond du cœur des jeunes nobles bretons de leur cour, fidèles au culte du pays ; et que, dans les altercations entre leurs pages, prenant fait et cause contre les Bretons, lors même que les Français avaient été les agresseurs et que le sort des armes avait loyalement tranché la question en faveur des premiers, ils ne rougissaient pas de jeter dans la balance, pour contre-poids à l'épée du vainqueur, la hache du bourreau.

Un poète dont les ouvrages reflètent les plus beaux rayons de la poésie bretonne, à laquelle il rend l’art savant des vieux bardes, M. Brizeux, a bien voulu me communiquer une version, recueillie par lui-même, du chant qu’on va lire.