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Tant qu’il prit terre aux environs de la grande île[1]. Un petit garçon se trouvait sur le rivage, s’amusant, au bord de l’eau courante, à ramasser des coquillages dans un pan de sa robe.

Ses cheveux étaient blonds, ses yeux bleus, bleus comme la mer, bleus comme ceux d’Azénor, vraiment ; si bien qu’en le voyant, le cœur du fils de la Bretagne se mit à soupirer.

— Qui est ton père, mon enfant, qui est-ce ? — Je n’en ai point d’autre que Dieu ; voilà trois ans qu’il est perdu celui qui l’était : ma mère pleure quand elle pense à cela.

— Et qui est ta mère, et où est-elle, mon petit enfant ? — C’est laveuse qu’elle est, seigneur ; elle est là-bas avec les nappes.

— Allons la trouver tous deux. — Et il prit l’enfant par la main, et celui-ci lui servait de guide ; et ils se dirigèrent vers le lavoir ; or, en marchant, le sang bouillait dans la main du fils au contact de la main du père :

— Chère petite mère, lève-toi et regarde : voici mon père ! il est retrouvé! voici mon père qui était perdu. Dieu soit béni ! —

Et ils bénirent à jamais Dieu qui est si bon ; Dieu qui rend le père aux enfants ; et ils revinrent joyeux en Bretagne. Que la Trinité protège les hommes de mer !


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  1. L’Ile de Bretagne, ou l’Islande, selon les légendaires latins.