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IV


LE DÉPART DE L’AME.


( Dialecte de Cornouaille.)


Venez entendre chanter le départ de l’âme bienheureuse au moment où elle quitte sa demeure.

Elle jette un petit regard, un petit regard vers en bas, et elle parle à son pauvre corps qui est au lit, malade.


L’AME.

Hélas ! mon corps, voici l’heure venue ; il faut que je te quitte et que je quitte ce monde.

J’entends les coups du petit marteau de la mort : ta tête tourne ; tes lèvres sont froides comme glace.

Ton visage est horrible ; les yeux sont verdâtres ; hélas ! mon pauvre corps, il faut que je te quitte.


LE CORPS.

Si mon visage est horrible, si mes yeux sont verdâtres, vous dites vrai, il faut que vous me quittiez.

Vous ne reconnaissez plus, vous méprisez votre pauvre ami ; hélas ! je suis tellement changé.

La ressemblance est mère de l’amour ; puisque vous n’en avez plus avec moi, laissez-moi.


L’AME.

Non, non, mon cher ami, je ne vous méprise pas ; de tous les commandements vous n’avez violé aucun ;