Page:Barzaz Breiz 4e edition 1846 vol 2.djvu/51

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Le petit page du roi disait, en montant sur la plate-forme de l’échafaud :

— J’entends résonner le pavé des rues ; c’est ma sœur et sa suite qui viennent !

C’est ma sœur qui vient me voir ! au nom du ciel, attendez un peu ! —

Le prévôt répondit au page, quand il l’entendit :

— Avant qu’elle soit arrivée, votre tête aura été coupée. —

En ce moment-là même, la dame de Bodinio demandait aux Parisiens :

— Pourquoi cette multitude d’hommes et de femmes réunis ?

— Louis onze, Louis le traître fait décapiter un pauvre page. —

Ces mois étaient à peine prononcés, qu’elle aperçut son frère ;

Elle aperçut son frère agenouillé, la tête penchée sur le billot de mort.

Et de s’élancer au galop de son cheval, en criant : — Mon frère ! mon frère ! laissez-le donc !

Laissez-le-moi, archers, je vous donnerai cent écus d’or ;

Je vous donnerai, comme un denier, deux cents marcs d’argent de Tréguier ! —

Quand elle arriva près de l’échafaud, la tête coupée de son frère tombait,