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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


Les Flécher habitent toujours la paroisse de Nizon : ce sont de bons et honnêtes paysans. Ils se souviennent d’avoir eu un prêtre dans leur famille, mais sans connaître son histoire ; ils savent seulement qu’un seigneur du canton contribua à payer son éducation cléricale. Ce seigneur ne peut être que Jean du Faou, dont la femme était, selon notre ballade, marraine du jeune clerc Iannik. Il aura craint les suites de l’amour de sa fille pour le petit paysan, et y aura mis un terme en le faisant entrer dans les ordres sacrés.

Jean Flécher ne se trouvant pas porté sur la liste des recteurs de Nizon, dont nous avons les noms depuis l’an 1300 jusqu’à ce jour, et Jean du Faou, père de Geneviève, ayant vécu en 1426, il y a lieu de croire que les événements racontés dans la ballade se sont passés vers le milieu du quinzième siècle, et qu’ils ont été chantés peu après, puisque le poète nous assure qu’il a vu le prêtre pleurer près du tombeau de celle qu’il aimait. Ce poète, né en Tréguier, comme l’atteste le dialecte qu’il a suivi, voyageait sans doute alors en Cornouaille, où j’ai entendu chanter pour la première fois la pièce à une pauvre femme de Nizon, nommée Catherine Pikan.