Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 1.pdf/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
DE MARIE BASHKIRTSEFF.

ouverte jusqu’aux oreilles, et les yeux canailles comme chez le plus grand diable de la terre.

C’est presque espagnol, et nous en rions tant, que Lola en est presque évanouie quelques minutes. Un vrai roman de Rosine.

Au commencement, je me suis fâchée, j’ai trouvé que c’était impertinent ; mais en voyant quel plaisir cela faisait à Dina et à sa mère, j’ai oublié ma colère, pour me joindre au chœur joyeux des plaisanteries amusantes.

Dina en a rougi comme une pivoine, ça va lui donner ses airs vainqueurs et provocateurs ; elle est désagréable quand elle prend ces airs-là !

Ce monsieur a une villa, il a sans doute de la fortune. Dieu ! s’il épousait Dina ! je le désire plus qu’aucune chose, et justement on vient de nous envoyer des robes de chez Worth, et la sienne est toute couverte de fleurs blanches comme de la fleur d’oranger.


Mardi 15 février. — Rossi vient nous voir et de suite on lui demande qui est ce monsieur. « C’est le comte A…, le neveu du cardinal ! » Bigre ! il ne pouvait pas être autre chose.

Le comte A… ressemble à G… qui est parfaitement beau, comme on sait.

Ce soir, comme il me regardait moins, j’ai pu le regarder plus, J’ai donc regardé A… et je l’ai bien vu ; est charmant, mais il faut ajouter que je n’ai pas de chance et que ceux que je regarde ne me regardent pas. Il m’a lorgnée, mais convenablement, comme le premier jour. Il a aussi beaucoup posé et, quand nous nous sommes levées pour sortir, il a sauté sur sa lorgnette et n’a pas cesse de regarder.

— Je vous ai demandé qui est ce monsieur, dit ma