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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Jeudi 2 janvrer. se promener tout seul, d’aller, de venir, de s’asseoir sur les bancs du jardin des Tuileries et surtout du Luxembourg, de s’arrêter aux vitrines artistiques, d’entrer dans les églises, les musées, de se promener le soir dans les vieilles rues ; voilà ce que j’envie et voilà la liberté sans laquelle on ne peut pas devenir un vrai årtiste. Vous croyez qu’on profite de ce qu’on voit, quand on est accompagnée ou quand, pour aller au Louvre, il faut attendre sa voiture, sa demoiselle de compagnie ou sa famille ? Ah ! cré nom d’un chien, c’est alors que je rage d’êtr femme ! — Je vais m’arranger des habits bourgeois et une perruque, je me ferai si laide que je serai libre comme un homme. Voilà la liberté qui me manque et sans laquelle on ne peut pås arriver sérieusement à étre quelque chose.

La pensée est enchainée par suite de cette gêne stupide et énervante ; même en me déguisant, en m’enlaidissant, je ne suis qu’à moitié libre et une femme Ce que j’envie, c’est la liberté de