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JOURNAL

tâchent de paraitre comme les premiers. Ceux-ci ne me déplaisent pas trop, parce qu’ils comprennent qu’ils sont nus et désirent se couvrir. Les troisièmes enfin sont comme les seconds, moins ce bon sentiment. Et ce sont ceux-là que j’exècre parce qu’ils dénigrent et glacent. Ne sentant et ne comprenant rien euxmėmes, ils affirment que ce sont des bêtises et se vautrent, mauvais, méchants et dégoûtants, en plein soleil. Lundi 3 février. — Hier, je suis allée voir l’Assommoir et je trouve que c’est très beau. Mais avant, de quatre à cinq heures jusqu’à la nuit enfin, j’ai essayé de faire une esquisse. Il faut bien s’habituer… Ceux d’en bas en font tous les dimanches, on leur donne un sujet et ils doivent faire une pochade par ceur. Moi, je commence par le commencement Adam et Ève, sur une toile de 4. Et maintenant me voilà partie, j’en ferai toutes les semaines. Si je m’écoutais, je ne tarirais pas sur mon talent. Comme premier essai, mon esquisse est très bien… Je la montrerai à Julian, avec une autre que je ferai. Mardi 4 février.

j’ai posé et, pendant que j’étais sur la table, Julian est arrivé et nous avons causé politique. J’aime causer avec ce finaud.

Ce soir, le modèle a manqué ; Je me moque de tous et de tout le monde à l’atelier, je déclame, je raille, j’amuse, je fais des programmes politiques quand je suis gaie, et Julian qui me dit : Allez toujours, et la peinture…Avec cette mise en scène, vous pouvez être unique à Paris. Il me croit très spirituelle, intelligente, dominant notre salon, influente. Mercredi 5 février. — Voilà, Nous avons été à VerM. B. — I.

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