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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Lundi 21 avril. animé.

Dernier jour de concours, assez Samedi, je suis allée avec Lisen (Suédoise) voir des artistes aux Batignolles, près du cimetière Montmartre, par là, en haut. Et je découvre que je ne déteste, à Paris, que les boulevards et les nouveaux quartiers. Le vieux Paris et les hauteurs, là où j’étais samedi, respirent un parfum de poésie et de tranquillité qui m’a empoignée.

Mardi 6 mai. — Je suis très occupée et très contente, je me tourmentais parce que j’avais des loisirs, je le vois à présent. Depuis vingt jours ou trois semaines, travail de huit heures à midi et de deux à cinq, et rentrée à cinq heures et demie ; je travaille jusqu’à sept heures, et puis quelques esquisses ou une lecture le soir, ou bien un peu de musique, et à dix heures, je ne suis bonne qu’à me coucher. Voilà une existence qui ne permet pas de penser que la vie est courte.

La musique, le soir ; Naples !… Voilà des choses qui troublent… Lisons Plutarque. Mercredi 7 mai. — Si cette rage de travail pouvait durer,

le dessin et la peinture, et la composition et le croquis, le crayon et la sanguine ; je n’ai pas eu une velléité de repos ou de paresse. Je suis contente ! Un mois de jours comme cela représente des progrès de six mois ordinaires. C’est si amusant et c’est si adorable, que je crains que cela cesse ! Dans des moments comme ça, j’ai foi en moi. me proclamerais tout à fait heureuse. J’adore Jeudi 8 mai. Ma pauvre enfance voyait des preu-