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JOURNAL

Dina assistait. C’est si intéressant. La lumière frappe si bien sur le modèle, les ombres sont si simples ! M. Robert-Fleury est veuu une atlention

Mardi 16 octobre. dans l’après-midi et m’a accordé spéciale.

J’ai, comme d’habitude, passé toute la journée à l’atelier, de neuf heures à midi et demi. Je ne parviens pas encore à arriver à huit heures justes. A midi, je pars, déjeune et reviens à une heure vingt jusqu’à cinq heures, et le soir de huit à dix. Cela me fait neuf heures par jour. Cela ne me fatigue pas du tout ; si on pouvait matériellement plus, je ferais plus. Il y a des gens qui appellent cela travailler. Je vous assure que, pour moi, c’est un jeu, je le dis sans fanfaronnade. C’est si peu, neuf heures, et dire que je ne pourrai pas le faire tous les jours, parce que c’est loin des Champs-Élysées à la rue Vivienne, et puis, parce que souvent, personne ne veut m’accompagner le soir, que cela me fait rentrer à dix heures et demie, et jusqu’à ce que je m’endorme il est minuit et le lendemain je perds une heure. D’ailleurs, en faisant régulièrement le cours de huit à midi et d’une heure à cinq, j’aurai huit heures. L’hiver, il fera sombre à quatre heures ; eh ! bien, alors, je viendrai le soir absolument. Nous avons toujours un coupé le matin et le landau pour le reste de la journée. C’est que, voyez-vous, il s’agit de faire, en une année, le travail de trois. Et comme je vais vite, ces trois années renfermées en une seule représenteront six années au minimum d’une intelligence ordinaire. Je

parle comme les imbéciles qui disent : Ce qu’une