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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

DE MARIE BAŞHKIRTSEFF. 229

n’était pas pour rire, en fut tout ébahie. Je veux faire un tableau représentant une expulsion de moines. Je suis donc allée chez les capucins de la rue de la Santé, et les trois Pères qui restent m’ont raconté et montré les lieux du sinistre. Je venais offrir hospitalité à deux Pères à Nice. J’espère qu’ils ne profiteront pas de l’offre. Dimanche 14 novembre.— Je devais aller à Versailles pour voir si le couvent des capucins de là me convient, car c’est là qu’on a le plus résisté. Dans la cour du couvent, des prie-Dieu sont disposés où, malgré la pluie, les fidèles viennent s’agenouiller devant la porte scellée de la chapelle. Des femmes exaltées qui s’écrient qu’il n’y a plus ni propriété, ni loi… Dieu ! que tout cela a été maladroit et que ces moines en ont tiré parti !

Est-ce que Gaml etta ne serait pas l’homme fort ?… Enfin, il faut qu’un homme surgisse… Le système bonapartiste, alors ? Et le principe, et la République ? Oh ! soyez tranquille, je ne change pas ; c’est même, avec l’égalité de la femme et de l’homme, la seule chose au monde à laquelle je sois sincèrement attachée. Il y a des choses qui s’imposent à mon bon sens, elles sont rares, mais enfin, lorsque je suis convaincue moi-même dans mon fond, rien au monde ne me fait transiger et il m’est même très difficile de ne pas crier mes convictions sur les toits, tellement je suis contente et fière d’avoir trouvé cela toute seule et d’y croire sincèrement. Car pour tant de choses, pour presque tout, hélas ! je n’y tiens que… très à la surface… pour ce que l’on dira, ou pour ne pas étre tout à fait en dehors de tout, ou pour ce que cela peut mė rapporter. Donc, il faut un homme ou plutôt des hommes, ceux qui nous dirigent ici sont ridicules et bêtes ; c’est hu1. B. — II.

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