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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

que… car il y a des gens qui croient que la monarchie est nécessaire à la prospérité de certain pays. Tiens, je n’y pensais pas, l’autre jour, en disant qu’il fallait une âme de valet pour aimer la monarchie. Supposons un pays où la monarchie, constitutionnelle bien entendue, fasse le bonheur du peuple, eh bien, l’homme le plus fier et le plus noble peut y adhérer sincèrement, et même avoir un certain altachement sincère pour la famille qui représente depuis des siècles son pays. Mais de là à cet attachement servile à une race, il y a loin ! Je ne dis pas que je trouve bien d’être monarchiste comme je viens de dire plus haut, mais enfin on peut admettre qu’on y soit attaché sincèrement et qu’on y croie au fond du cæur, dans les conditions susdites. Ce n’est toujours pas en France que c’est possible, · ni qu’il y ait une monarchie qu’on puisse, la main sur la conscience, préférer à la République. seulement un candidat qui ne soit avili ou déshonoré ? — M. de Chambord ? Les d’Orléans qui le suivent inévitablement ? - Et

y a-t-il Mais, après tout, les d’Orléans, patiemment supportés pendant des siècles, pourraient devenir « cette famille qui représente le pays » dont je parlais tout à l’heure, et les platitudes auxquelles oblige une cour, ce serait le sacrifice de sa fierté personnelle qu’on ferait au pays… Sans doute ; mais à quoi bon tout cela, quand il y a la République qui a tout ce que la monarchie bourgeoise a de bon et qui n’a rien de ce qu’elle a de mauvais, qui est le plus beau et le plus noble des gouvernements ? Il y a en somme quelque chose de révoltant dans les honneurs souverains rendus à un monarque mannequin par un ministre ou par un homme d’État de génie,