j’ai eu la médaille, je pensais avoir fait une horreur… mais il ne faut pas se fier à cela… En somme, je voudrais bien l’avoir, ça me remonterait le moral. Et puis, cela prouverait que j’ai peint une tête trouvée bonne par Tony, Bouguereau, Lefebvre et Boulanger. Vous savez, on ne donne la médaille que quand on la mérite ; s’il n’y a rien qui la mérite, on classe les dessins, et puis voilà tout.
Mercredi 1° décembre. vais prendre Mmo de D. et nous allons, 12, rue Cail, chez Mile Hubertine Auclerc. C’est un mercredi. Nous avions sonné vainement trois fois et, étant redescendues, parlementions avec le concierge, lorsqu’une jeune femme vint à la loge ; nous nous étions arrêtées indécises, je l’ai reconnue à l’instant. Le concierge nous rappelle et M Auclerc nous invite à monter. Droits des femmes, siège social. Čes mots, écrits sur la porte m’avaient déjà donné, avant l’arrivée de la demoiselle, un accès d’enthousiasme d’autrefois, et je fis semblant de sauter au cou de Mme de D. En sortant de l’atelier je Très pauvre et simple et nu, le bureau. Elle allume du feu, s’assied devant la cheminée, Mme de D. à sa droite et moi à sa gauche ; c’est ma compagne qui commence. Alors j’ai dit que je ne puis me défendre d’une grande émotion en présence de la femme qui a si courageusement pris en main la défense de nos droits.
Mme de D. est Française, veuve d’un Anglais, Norskott ; moi, d’origine élrangère, mais élevée en France et je m’appelle Pauline Orelle. Mon but secret, c’est de faire le portrait d’Hubertine pour le Salon. J’adopte le pseudonyme de Daria pour la peinture. Très joli, très simple, c’est un nom de baptême russe. En somme, elle sera bien pour la peinture, H. B. — I.
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