Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 2.pdf/264

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
259
DE MARIE BASHKIRTSEFF.

bête !… Julian, déjà exaspéré, se retourne et me dit que je n’ai qu’à aller chez moi, si cela ne m’amuse pas. Je n’ai rien trouvé à répondre, ne l’ayant pas fait ex près et n’ayant pas eu la moindre envie d’être impolie.

Voilà deux jours que l’illustre artiste passe sans me corriger, et cela fait à l’atelier une situation tendue… qui m’ennuie !

Samedi 19 février. Tony dit que ça va très bien ; après m’avoir donné une bonne leçon, il s’en va corriger A… à laquelle il ne dit presque rien, très embarrassé ; il la prie de changer des figures qui ne s’arrangent pas, je crois.

Elle en devient toute rouge et, au lieu de causer avec lui, comme d’habitude, reste à sa place et travaille fébrilement, pendant que cet ange de Tony revient à mon tableau, l’examine, donne des conseils, m’encourage et répète plusieurs fois que cela va bien. J’en suis si ravie que j’oublie les froideurs de Julian, qui me tracassent pourtant. Depuis une dizaire de jours, je rêve toujours de grand-papa, de maman, des miens… Et puis presque toujours je réve ou des gens que je dois voir le lendemain, ou bien le réve continue la journée terminée et je ne dors jamais sans rêves. Mardi 22 février.

Julian ; je lui ai dit : gardez-vous toujours rancune d’une chose que je n’ai pas faite exprès ? venez donc me corriger ! venu d’un air très digne, en disant que, puisque je reconnaissais avoir tort, c’était bien ! Je n’a rien répondu, Nous avons fait la paix avec — Monsieur Julian, eh ! quoi, me — Et il est