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JOURNAL

a dix jours encore, deviennent ronds, c’est-à-dire que je vais bien mieux qu’avant ma maladie. Encore huit jours comme cela et il faudra s’arrêter d’engraisser, je serai à point ; car je ne désire pas retrouver les hanches un peu brusques d’il y a trois ans. Julian, qui est venu hier soir, me trouve bien plus harmonieuse ainsi. Nous avons ri toute la soirée. Je fais le portrait de la femme de Paul ; hier, c’était une telle reprise de forces, que je voulais faire à la fois Dina, Nini et Irma. – Irman’est pas un modėle ordinaire, c’est le type disparu, dit-on, et sentimentale avec des naïvetés de vice ! vous serez devenue cocotte… » lui disais-je l’autre jour.

— de la grisette ; elle est drôle — « Quand

— « Oh ! moi, a-t-elle répondu, je n’ai pas assez de chance pour cela ! » Elle pose avec intelligence ; on peut en faire ce que l’on veut, avec sa pâleur étonnante, car elle est aussi bien une candide jeune fille qu’un abime de dépravations, comme toutes ces coureuses. Elle a demandé la permission de rester, bien que ne travaillant pas, et a passé l’après-midi à faire du crochet devant le feu.

Vendredi 31 décembre. — Toute la journée, tout le monde se querelle…

Enfin, je vais, pour me remettre, chez Tony et lui montre l’esquisse du portrait de la femme de Paul. Il l’a trouvée très originale, très originale d’arrangement et bien partie. Le très sympathique Tony s’est montré très enchanté de me voir en bonne santé ; et, après avoir causé gaiement, nous avons abordé le très grave sujet de l’Art et de Breslau, entre autres… « Son tableau est très bien, certainement, dit-il, elle est très bien douée. »

Ah ! ce papier est ineapable de m’interpréter ! Tout