Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 2.pdf/363

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
358
JOURNAL

faut faire une étude très serrée et qu’il me suivra très attentivement de près et qu’il est à ma disposition chaque fois que je l’appellerai. Eh bien ! ensuite on lui a fait prendre au salon une tasse de bouillon, en quêtant une tirade sur mon immense talent.— Seulement, comme à cinq heures il était attendu à la commission du Salon (c’est même pour cela qu’il a choisi ce jour pour venir ici, ayant à aller au Salon qui est à côté), donc comme il était très pressé, il s’est contenté d’adresser de malheureux remerciements pour le verre de Marsala et le bouillon, et a filé au plus vite. Alors ma tante dit qu’il est un imbécile et ne comprend rien ; maman ajoute qu’il est vraiment étonnant que je sois ainsi anéantie. C’est vrai que j’avais l’air ennuyée à cause de leurs anxiétés curieuses… Il parait que toutes les mères sont ainsi ; mais ça n’en est pas moins embétant pour cela.

pleurer et viens verser le trop plein de ce pauvre ceur ici.

Je dévrais être contente… Non, je suis tie et maman a presque raison… Ça ne suffit pas… je voulais qu’il me dit, cet homme… Pour que je ne sois pas anéantie il eût fallu qu’il dit : A la bonne heure ! ça y est celte fois, c’est bien ça, vous étes aussi forte que Breslau et vous avez plus de qualités qu’elle. Tout ce qui n’est pas les paroles susdites ne pouvait pas me contenter ou même me tirer du désespoir où je me trouve depuis un an, à cause de ma peinture. Il a bien dit, en voyant le bonhomme au bord de la mer, que c’est très bien, très bien ; puis, indiquant la valeur du vêtement par rapport à l’horizon, que c’était très bon ; ainsi que le petit paysage, qu’il a regardé plusieurs fois ; ainsi que le pastelde Dina et le mien, qui est à moitié bon ; et la tête de Thérèse, qui n’est pas mal du tout. Enfin, je suis enivrée au point de presque anéan-