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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

restées plongées dans la stupeur. profil, le coude sur le genou droit et le menton dans la main, avec son eil qui ne voit rien, attaché à l’entrée du sépulcre, le genau gauche touche la terre et le bras gauche pend.

L’autre Marie est debout, un peu en arrière ; la tête dans les mains et les épaules soulevées ; on ne voit que ses mains, et la pose doit révéler une explosion de larmes, de lassitude, de détente, de désespoir ; la tête tombée dans ses deux mains. et le corps où on sent l’abandon, l’évanouissement de toutes les forces. Tout est fini. — Julian trouve que ce mouvement est très Madeleine, de

beau, qu’elle ne s’occupe pas du public, qu’elle est là pour elle, livrée à sa misère. La femme assise sera la plus difficile. Il doit y avoir là de la stupeur, de l’ahurissement, du désespoir, de la prostration et de la révolte. Et c’est cette révolte qui est la chose délicate à rendre. Un monde, un monde !

Et c’est moi qui entreprends cela ? Eh bien, oui, c’est moi, et ça ne dépend que de moi, et c’est impossible de ne pas le faire, si Dieu veut. Ah ! il doit savoir que je le crains et que je tombe à genoux pour le supplier de me permettre de travailler. Je ne mérite pas de faveurs ni de secours, mais, seulement qu’ll me laisse faire.

Mais ça pourra être un four, un four aux yeux du public ; ce n’en sera pas moins une belle chose. Et j’aurai mes gamins pour me consoler. Ce serait trop beau !

Mon tableau du Salon ne m’intéresse pas. Je l’ai fait faute de mieux et n’ayant pas assez de temps. Mardi 15 mai. —— Mais il ne s’agit pas de ca. De quoi